LES DEBUTS DU NOUVEL EMPIRE (-1565 à -1085) 

 

 

L'Egypte va vivre ses plus belles heures de gloire qu'elle exprimera surtout par l'érection de ses magnifiques et nombreux temples. Héritage du passé qui se transmettra et s'agrandira par étapes successives, chaque pharaon prenant à coeur d'achever le travail de ses prédécesseurs en y ajoutant telle salle ou tel temple qui désormais porteront son nom dans la mémoire des générations futures.

Les plus beaux de ces temples se situent naturellement à Thèbes, l'endroit mystique où bat le coeur spirituel de l'Egypte. On dit qu'à Louxor les pierres ont une âme qui vit éternellement, parfois la nuit tombée la lumière des étoiles vient les éclairer et elles se remplissent des kas lumineux des pharaons irradiés de soleils. Pour une heure seulement ces étoiles du ciel viennent refaire un pèlerinage sur la terre pour s'imprégner au travers du temps des anciennes effluves d'encens et de myrrhe avant de repartir rejoindre le roi des dieux.

Comme les cathédrales de nos ancêtres ,ces pierres expriment la vie et l'amour de ceux qui les ont taillées, amenées, suspendues et assemblées et qui maintenant les contemplent de l'autre côté du grand fleuve en rêvant avec nostalgie à ce qui était un jour la gloire de Thèbes et Louxor...

Car ces pierres ont une histoire étroitement liée aux hommes qui les ont travaillées sous l'oeil sacré de Rê et même si elles cachent en leur sein des mystères que nous cherchons encore à découvrir, ces pierres nous font oublier le présent et revivre le passé, elles nous invitent à rechercher le néant, le silence et l'absolu en nous immergeant tout entier dans le divin.

Combien de nos savants sont ainsi partis en Egypte pour des années et combien sont restés sur cette terre brûlante dont les vents transportent les montagnes de sable comme des fétus de paille comme s'ils voulaient protéger le mystérieux passé des dégradations du temps !

Ils avaient tous en eux cette flamme, ce besoin de remonter le temps, de revivre au moins un instant l'incroyable vision de temples aux murs couverts d'or, ornés de pierres précieuses et de sols recouverts d'argent pur où un rayon de soleil suffisait pour illuminer ces immenses colonnes dans un fantastique ballet de lumières étincelantes...

 

A M O N  :  L E   D I E U   S U P R E M E   I N V I S I B L E

 

Imen en égyptien veut dire le caché ! Amon est à la fois la force, la vie et le principe de l'univers, celui qui dirige à la fois l'infiniment grand et l'infiniment petit et qui trouvait à Karnak sa demeure temporelle. Il est Celui dont Champollion disait :

Amon dont le nom signifie occulte ou caché, était le premier et le chef des dieux, l'Esprit qui pénètre toutes choses, l'Esprit créateur procédant aux générations et qui illumine toutes choses qui sont dans les ténèbres...
C'est également ce qui est écrit dans l'Hymne à Amon de Leyde :

Amon, Rê et Ptah englobent tous les dieux,
Secret est ton nom en tant qu'Amon,
Il est Rê par le visage (de lumière)
et son corps est Ptah, (la vie éternelle) 
Ce n'est pas un hasard si la fête "du Jubilé ou fête du sed" des trente années de règne de pharaon était patronnée par le dieu Ptah. Amon est la roue dont tous les rayons mènent au centre.

 Il est l'Etre inaltérable de lumière capable de se multiplier à l'infini.

 

Dans les textes de l'Akhmenou :
" Amon est le Maître du ciel et de la terre, de l'eau, des montagnes, et le Créateur de tout ce qui existe. Il est "le Roi des dieux" que son Verbe a créé au commencement et pour l'éternité. "

Amon dans la langue des lettres égyptiennes s'interprète également comme une prière puisque celui qui prononce son nom l'invite en même temps à venir (en son âme) en lui disant " Viens, viens à moi."

 

L a   X V I I I è m e   d y n a s t i e   t h é b a i n e

 

Ayant détruit Avaris le pharaon AHMOSIS -1er réinstalle à THEBES la capitale des deux royaumes réunifiés. Son Fils AMENHOTEP 1er ou en grec Aménophis 1er (Régna de -1540 à -1530) qui veut dire " Amon est satisfait " lui succède et entreprend la construction du temple d'Amon à Karnak. Grand conquérant, il étend le protectorat des possessions égyptiennes jusqu'au Nord de l'Euphrate, ce qui provoque les premiers heurts avec deux nouvelles puissances : l'empire Hittite et le royaume du Mitanni.

 
Son fils TOUTHMOSIS 1er (-1530 à -1520) élève à leur splendeur les villes de THEBES et d'ABYDOS. Il fait construire à Karnak la grande salle hypostyle qu'il orne de pylônes et d'obélisques gigantesques. Le culte du dieu THOT, considéré comme le VERBE du dieu Ptah, est assimilé à celui d'AMON (le dieu caché). Il fut le premier pharaon à se construire une tombe dans la célèbre Vallée des Rois, à l'Ouest de Thèbes.

 
THOUTMOSIS II (-1520 à - 1504) succède à son défunt père et épouse dès -1520 sa demi-soeur Hatchepsout. Mais lors de sa mort subite en -1504 Hatchepsout usurpe le trône à son neveu-enfant le futur THOUTMOSIS III qui devra attendre vingt ans pour régner enfin seul sur l'Egypte.

 

 Le règne de la Reine  : HATCHEPSOUT

 

Pour assurer sa légitimité, Hatchepsout exerça non seulement la régence mais épousa son jeune neveu afin de ne plus être obligée de lui rendre le pouvoir. Elle fit construire par son architecte et amant SENENMOUT son grand temple à Déir el-Bahari, dans la Vallée de la déesse Hathor, juste à côté du temple funéraire (avec pyramide) de Mentouhotep premier roi de la XIè dynastie (-2060).

 

Le temple de Déir el-Bahari

 
Senenmout réalisa pour sa reine une oeuvre grandiose qui s'étalait sur trois vastes niveaux, agrémentés d'un cadre de verdure transporté à grands frais du merveilleux pays de Pount où poussaient la myrrhe et l'encens qui embaumaient toute la région. Cette superbe composition était comme les jardins suspendus de Babylone, arrosée par un système d'eaux canalisées qui redescendaient en cascade.

On accédait à la première terrasse par une allée bordée de sphinx, entourée de majestueux pylônes et d'obélisques qui s'élevaient très haut dans le ciel.

Une vaste rampe donnait accès au second niveau où se trouvaient le temple de la déesse Hathor et celui du dieu Anubis. Sur des parois étaient dessinés des scènes de la vie de la reine et en particulier ses expéditions au merveilleux pays de POUNT aujourd'hui disparu.

Sur le dernier niveau apparaissait un portique central qui dominait les autres portiques et donnait accès à une grande cour entourée d'une double file de colonnes. En son centre se trouvait l'hypogée d'Hatchepsout, à sa droite le temple du dieu solaire Horus à son zénith (Horakhty) et à sa gauche une chapelle consacrée à son défunt père : Thoutmosis 1er.

 

THOUTMOSIS III qui régna seul de -1484 à -1458

 

 

Hatchepsout étant morte, il put enfin lui succéder en -1484. Par vengeance, il fit marteler les inscriptions de son épouse des monuments et les remplaça par les siennes, si bien qu'il est difficile de déterminer à notre époque les oeuvres que fit construire son épouse (!), de celles de son malheureux neveu.

Cela n'enlève rien aux exploits de Thoutmôsis III qui remporta deux victoires sur les mitanniens (Qadesh et Karkhémish en -1483) et une éclatante victoire à Meggido sur une coalition de nombreux princes syriens, tous unis contre lui. Grâce à ses victoires Thoutmôsis agrandit son empire jusqu'au Liban, incorporant La Crète, Chypre, Canaan et les îles des Cyclades...

En pharaon très droit et généreux il pardonna alors à ses adversaires d'hier et les autorisa à conserver leurs coutumes, leurs temples et leur religion. Ce qui n'empêcha pas l'expansion des rites et de la culture égyptienne dans tout le monde de l'époque.

 
THOUTMOSIS IV (-1425 à -1408), (fils d'Aménophis II). Période paisible et heureuse qui marqua le règne de ces deux pharaons. Un traité de paix et d'assistance fut même signé entre l'Egypte et le Mitanni qui se concrétisa par le mariage de Thoutmôsis IV avec la princesse MITENIYA, fille d'Artatâma, roi du Mitanni.

 

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