En Août 1100 c'est le prince d'Antioche "Bohémond de Tarente" qui est fait prisonnier par les syriens, alors qu'il était venu délivrer la ville assiégée de Malatya. Lorsque Bohémond et ses 500 cavaliers s'engagent dans un étroit défilé, il se rend compte que les syriens de Damas lui ont tendu une véritable souricière et qu'il ne peut même pas se mettre à l'abri de la pluie de flèches. Un grand nombre de francs furent tués et quelques uns furent emmenés enchaînés avec leur prince Bohémond, (le grand blond) jusqu'à Niksar, au nord de l'Anatolie.
Septembre 1100 : Baudouin de Boulogne, frère du défunt Godefroi est nommé ROI de Jérusalem sous le nom de Baudouin 1er. Le 24 Octobre Baudouin se dirige sur Jérusalem avec 500 cavaliers mais Doukak l'attend à Nahr el Kalb, mais comme le nouveau cadi de Tripoli Fakhr el-Moulk a un compte à régler avec Doukak, il averti Baudouin du piège qui l'attend ! Le nouveau roi peut ainsi facilement échapper avec ses hommes : au guet-apens.
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- Le premier groupe est celui des lombards rejoint par les hommes du comte de St Gilles qui les conduisit fin Juin sous sa bannière à Ankara au centre de l'Anatolie. Puis de cette ville juste conquise par les croisés, ils iront vers Niksar, la capitale turque où Bohémond est prisonnier.
Kilidj Arslan (sultan de Roùm en Anatolie) qui suit de près les déplacements de l'armée franque a conclut une alliance avec l'émir dachnimindite GHAZI Gümüshetin, ensemble ils vont tendre une embuscade mi-août à Merzifun. Les francs avancent sous un soleil brûlant (+50°) encastrés dans leurs épaisses cuirasses, suivis de leurs femmes et leurs enfants. La plupart viennent de Lombardie et n'ont aucune expérience de la guerre contre les turcs. La boucherie durera une journée entière. A la nuit tombée le comte de saint Gilles s'enfuit avec ses proches sans même avertir le gros de l'armée. Le lendemain les derniers survivants furent massacrés par milliers, les enfants vendus en esclavage, les jeunes femmes survivantes expédiées à moitié nues dans les harems d'Orient.
A peine le massacre sera-t-il achevé que fin août un deuxième groupe de colons encadré par une armée de croisés ayant à leur tête le comte de Nevers avec ses quinze mille combattants fait route sur Iconium, la capitale de Kilidj Arslan. Mais encore une fois les hommes manquent d'eau. Kilidj et Ghazi leur tendent un nouveau piège à EREGLI (Héraclée) L'armée franque sera encerclée et presque entièrement massacrée ! Seuls le comte de Nevers et quelques chevaliers arriveront jusqu'à Antioche dans un état déguenillé.
Dans un piteux état de déshydratation, ils arrivent enfin à une rivière où les archers musulmans les attendent. Devant la tournure tragique de la situation, les deux ducs sortirent de leur cuirasse et abandonnant le gros de l'armée, ils s'enfuirent au grand galop. On ne saura jamais ce qu'il advint de la belle margrave abandonnée en plein combat sur le champ de bataille !...
Ce troisième massacre en un mois enterrait définitivement dans les sables et les rochers d'Orient les rêves de dizaine de milliers de colons venus pour échanger leur pauvreté occidentale contre une place au soleil de la Terre Promise qu'ils ne verront jamais de leurs yeux...
Et pourtant tous étaient si heureux d'être arrivés enfin si prêts du but en franchissant des terres hostiles ou une mer infestée de pirates qui n'hésitaient pas à couler les navires après les avoir pillés. Un contemporain de l'époque (Albert d'Aix) affirme qu'en 1102 trois cent navires de pèlerins ont été coulé avec 140 000 personnes qui ont disparu corps et biens ! Même si les chiffres sont invérifiables, il est regrettable que les livres d'Histoire passent rapidement sous silence ce qui s'est réellement passé pour la conquête du Moyen Orient et de la Palestine par l'Occident et qui s'est achevée par trois grands génocides vengeurs en particulier sur d'inoffensifs colons...
A l'époque, lorsque ces récits parvinrent enfin en Europe, ils causèrent dans toutes les cours un très grand émoi !... Il faudra bien attendre 45 ans avant de voir se mobiliser une nouvelle croisade, qui prendra le nom officiel de deuxième grande Croisade !
Mais les guerriers turcs des villes de Homs et de Damas s'étant enfuis dès le début du combat, les 300 chevaliers foncèrent sur les guerriers de Tripoli et tuèrent 7 000 hommes (!) En réalité Doubaq voulait faire payer au cadi de Tripoli sa lâche attitude qui aurait permit l'élimination de Godefroi de Bouillon à Nahr el Kalb. Les voies de la Providence sont vraiment impénétrables !
Sur ce Bohémond alla à Rome où le pape Pascal II le reçut. Il s'efforça de dénigrer l'attitude de l'empereur de Byzance et en fit un si noir tableau qu'il obtint de lui l'argent pour lever une armée contre l'empereur de Byzance ! Avec ses normands et ses lombards il mit le siège en 1108 devant la ville albanaise de DURAZZO, où les troupes impériales d'Alexis Comnène lui infligèrent une sévère défaite et une entière soumission. Un an après il mourait en Italie, laissant juste un héritier du même nom.
Lorsqu'on sait que le comte de Toulouse possédait dans le sud de la France des territoires qui s'étendaient de l'Aquitaine à la Provence, un véritable paradis de fertilité, on peut se demander qu'est-ce qui a poussé ce sexagénaire (né en 1042) au caractère impulsif et autoritaire à passer quinze années de combats acharnés pour essayer de conquérir ce lopin de Tripoli peuplé de gens hostiles et ruinés par son long siège ? Cent ans après son arrière petit-fils Raymond VI devra à son tour faire face à une croisade des gens du Nord qui le déposséderont de son patrimoine...
Pour lors, le manoir de Tripoli au Liban fut gérée par Guillaume Jourdain (fils du comte de Cerdagne et petit-fils d'une tante maternelle du comte Raymond IV) qui entreprit également de poursuivre le blocus terrestre de Tripoli entamé en 1103 par le comte Raymond. La ville martyr de Tripoli allait encore subir trois années de siège héroïque en particulier depuis que les navires de Pise chassaient systématiquement les navires égyptiens venant chargés de victuailles... Aucun émir ne s'intéressa plus à son agonie et à sa délivrance.
Mais en mars, c'est l'assaut final : Tripoli tombe le 12 juillet , assaillie et conquise par terre et par mer. Dans le partage, un tiers de la ville est donné aux gênois qui ne se sentirent pas concernés par la promesse faite par le roi de Jérusalem de respecter les biens et personnes après la reddition de la ville. Les héritiers saint Gilles reçurent le reste de la ville. Les civils musulmans de Tripoli furent vendus comme esclaves d'autres furent expulsés en abandonnant leur biens. Le 4 décembre de la même année Beyrouth se rendit, sur la parole de Baudouin il n'y eut pas de massacre mais un exode massif des habitants...
- Nouvel incident, quelque mois après Guillaume Jourdain mourrait d'une flèche tirée par accident au cours d'une rixe entre deux sergents qu'il voulait séparer ! Toutes les possessions franques allèrent à BERTRAND - fils du comte de saint Gilles.
L'épouse de Jawali, régente de Mossoul, montra un caractère si exécrable qu'à son retour Jawali fut expulsé de sa ville !... L'émir conclut alors avec son prisonnier, le comte Baudouin, un drôle de marché : il s'engageait à libérer Baudouin avec tous les honneurs, " si le comte lui promettait de devenir son allié !"
A peine libéré, Baudouin rencontra Tancrède et lui demanda de lui rendre le comté d'Edesse. Il faudra l'intervention d'une commission d'évêques et de prêtres pour faire plier Tancrède et rendre Edesse à Baudouin. A peine rétabli dans ses droits Baudouin fit aussitôt libérer tous les prisonniers musulmans et fit même exécuter un fonctionnaire chrétien qui avait injurié l'Islam !
Du coup REDWAN l'atabeq d'Alep mit Baudouin du Bourg en garde par écrit sur une éventuelle expulsion des francs au cas où l'émir Jalawi arriverait à prendre également le pouvoir à Mossoul. Mais Baudouin ne voulut rien entendre, tandis que Tancrède profitant de la situation se considéra désormais comme l'allié de Redwan.
A l'issu de la bataille lorsque les guerriers d'Alep eurent le dessus, Jalawi s'enfuit avec ses guerriers pour chercher asile dans la forteresse de Tell Bacher où Baudouin et son cousin Jocelin les soignèrent. Mais le véritable combat eut lieu entre les deux chevaleries : Baudouin contre Tancrède. Les chevaliers fidèles à Baudouin furent écrasés ! Baudouin et Jocelin s'enfuirent dans la forteresse de Dulùk et ne durent leur salut qu'à un retour surprise des restes de l'armée de Jawali. Pendant ce temps les arméniens d'Edesse croyant que Baudouin était mort projetèrent d'élire un de leurs chefs. Baudouin les chassa de la ville et fit crever les yeux aux notables et à plusieurs prêtres.
Peu de temps après les deux comtes durent se soumettre sous l'autorité du roi Baudouin 1er et (apparemment) se réconcilier.
Sharaf-al-Dawla MAWDOUD |
l'émir SOQMANN al Khilat
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Il-GHAZI émir |
Même si les francs n'ont pas participés à ce massacre, ils sont responsables d'avoir livré sans assistance toutes ces victimes au massacre, qui fut aussi affreux à voir que celui qu'ont fait les croisés à leur entrée dans Jérusalem. Seconde faute impardonnable du commandement franc, ils savaient que l'armée turque était très proche et ils se sont enfuis lâchement les premiers, abandonnant un peuple entier sans défense devant ces hordes sauvages.