Contre l'union de toutes les armées musulmanes, les francs
opposèrent : environ 1 000 chevaliers, 25 000 fantassins, 40 000
mercenaires d'origines musulmane et plus de 2 500 cavaliers, auxquels
s'ajoutèrent 7 000 fantassins armés par les templiers, même
Bohémond III envoya son fils aîné Raymond avec 50 chevaliers.
Après avoir mis le siège à la ville de Tibériade,
Saladin attendit les francs, qui partis de Séphoris, vinrent camper
sur la colline de Hattin. Durant la nuit Saladin fit d'abord encercler
l'armée franque par ses soldats, puis il fit mettre le feu aux
broussailles en exploitant le vent qui porta les flammes jusqu'au coeur du
camp ennemi. Etouffés de chaleur sous leur imposantes cuirasses, la
plupart des hommes ne tardèrent pas à se rendre.
Les chevaliers foncèrent sur les assiégeants avec l'énergie
du désespoir. Le comte Raymond III de Tripoli réussit à
se créer une sortie vers Séphoris en emmenant avec lui Raymond
fils du prince d'Antioche, ses chevaliers et quelques barons syriens.
Selon les récits des chroniqueurs d'époque
la bataille fut terrible, il y eut beaucoup
de morts parmi les croisés mais il y eut heureusement plus de
prisonniers et de blessés ! Tous les autres chefs furent capturés
avec les chevaliers de haut rang et 300 templiers Hospitaliers. Il y eut
également beaucoup de morts du côté musulman ce qui fait
que la verdoyante colline ressemblait plutôt à un
immense champ de bataille où
çà et là agonisaient des milliers de blessés
enchevêtrés dans les cadavres de chevaux.
En ce soir du 4 juillet la puissance franque était écrasée, Saladin remportait la plus grande victoire de sa vie, alors que les chefs francs auraient pu sans leur imprudence (surtout celle de camper loin de tout point d'eau) " inverser le résultat " de la bataille à leur avantage...
Le 5 juillet Saladin laissait sortir librement les prisonniers de la ville de Tibériade. Parmi les prisonniers de marque présentés à Saladin figuraient : Le Roi de Jérusalem et ses deux frères, Amaury le connétable et Geoffroy, le terrible Renaud de Châtillon, responsable de la rupture de la trêve, Ridefort le Grand Maître du temple, Onfroy IV de Toron (mari de la princesse Isabelle), le marquis Guillaume de Montferrat (grand-père du roi défunt) et tant d'autres...
Saladin avait fait le voeu d'exécuter lui-même Renaud de Châtillon avec le comte Raymond III (également accusé de n'avoir pas respecté sa trêve). Il fit venir Renaud avec le roi Guy sous sa tente. Mais au lieu d'implorer le pardon, Renaud gardait encore son attitude de mépris et d'arrogance. Après avoir donné à boire au roi Guy déshydraté, Guy s'empara de l'écuelle pour boire à son tour.
Saladin lui fit alors remarquer qu'il venait de perdre sa chance d'être
épargné, puisqu'une coutume de l'hospitalité orientale
interdisait de tuer l'homme à qui on vient de donner à boire.
Saladin saisit alors son épée et l'assena sur l'épaule
de Renaud que ses lieutenants achevèrent. Puis il rassura le roi et
le fit conduire avec les nobles captifs vers Damas pour servir de rançon.
Parmi les milliers de prisonniers, seuls furent exécutés réellement : 300 templiers et chevaliers hospitaliers complices des larcins de Renaud et irréductibles partisans de l'extermination des sarrasins, ainsi que les turcopoles que Saladin assimilait à des traîtres et des renégats.
Saladin permit même aux chevaliers d'Acre, d'Ascalon et de Jérusalem
de s'exiler à Tyr, si bien que cette cité est devenue grâce
aux renforts inespérés libérés par Saladin une
ville imprenable.
Quel contraste avec l'attitude des premiers
croisés venus pour défendre les intérêts
de Dieu ! Saladin tenait à démontrer au monde la
supériorité de sa religion sur celle des chrétiens.
Rarement on vit un tel concert de louanges vis à vis du vainqueur,
non seulement Saladin se montra courtois envers les dames mais fit son possible
pour libérer les pères de famille et les maris prisonniers
alors que les chrétiens qui retournèrent sur les terres du
comte de Tripoli furent dépouillés de leurs biens. Les soldats
de Saladin allèrent même jusqu'à fournir des escortes
pour permettre aux malheureux civils d'aller jusqu'à Alexandrie,
prêtant leurs chevaux aux vieillards et prodiguant des soins aux malades.
Mais à Alexandrie les navires gênois refusèrent d'embarquer
les gens qui n'avaient pas assez d'argent pour payer leur traversée,
il fallut l'intervention musclée du Cadi d'Alexandrie pour persuader
les capitaines gênois à faire descendre les prix !...