Les anciens savaient depuis longtemps que la Terre était ronde, mais personne n'avait osé s'aventurer sur le grand Océan infesté de monstres, de démons et de sirènes envoûtantes.Le père de Colomb, issu d'une famille de tisserand, tenait à Gênes (en Italie) un commerce de vins et de fromages dans lequel il avait embauché son fils Christophe pour l'aider dans ses affaires. Hélas celles-ci n'eurent pas les bénéfices qu'on en attendait et le malheureux père fut jeté en prison pour n'avoir pu régler ses dettes lors de son dépôt de bilan.
Le jeune Christophe venait juste d'avoir vingt cinq ans lorsqu'il décida d'aller au Portugal en 1476 l pour y étudier la géographie et y contacter un mariage qui le laissera veuf au bout de cinq ans. Décidément la chance n'était pas avec lui. Un siècle plus tôt, Nicolas Oresme, évêque de Lisieux, avait traduit des ouvrages d'Aristote et composé un traité de cosmographie où il envisageait que la Terre est ronde et tourne autour de son axe.
Un contemporain de Colomb, Nicolas Copernic était venu de Cracovie en Italie pour étudier les mouvements planétaires de notre système solaire. Les preuves qu'il recherchait ne furent apportées que par Kepler et Galilée. Colomb essaya en vain d'obtenir le patronage de Juan II du Portugal pour obtenir de lui le financement d'une mission d'exploration au-delà du grand Océan Atlantique.
Avril 1486 - Après une longue attente, un jour Christophe COLOMB obtient enfin une audience de son altesse royale Isabelle pour lui demander son soutien dans son projet concernant la découverte d'une nouvelle route maritime devant relier par l'Océan, notre vieux continent aux Indes, à la Chine et au Japon. Bien entendu toutes les îles que l'on découvrirait au passage appartiendraient à la couronne espagnole, ainsi que l'or qui y abonde, cette découverte permettrait de renflouer le trésor royal très diminué par la guerre contre les maures de Grenade.
Après un avis défavorable émis par une commission de savants, Colomb essuya un premier refus de la souveraine, mais grâce à l'intervention d'un ancien confesseur de la reine, le franciscain Juan Perez obtint une seconde audience auprès d'Isabelle.
Janvier 1492, malgré un second avis défavorable du Conseil de savants et de nobles consulté, le projet est accordé grâce à l'intervention de Luis de Santangel, un converso, qui en sa qualité de trésorier du roi d'Aragon démontra à la reine que pour une petite dépense les finances royales risquaient d'être bien renflouées, sans oublier que s'offrait à la souveraine une chance unique pour agrandir l'Eglise par de nombreux païens qui n'attendaient que le baptême pour sauver leur âme !
Colomb obtint de son Altesse Isabelle non seulement le titre d'Amiral et de gouverneur de toutes les terres fermes et îles à découvrir. Il fut anobli et reçut une forte participation du trésor royal et de son protecteur le duc de Medina Caeli. Enfin on arriva à grande peine à réunir les 5000 ducas en or nécessaires à l'affrètement de trois caravelles conçues pour voguer en haute mer. Comme nous l'avons vu précédemment c'est au 1er Juillet 1492 qu'entrait en application le décret royal du 31 mars qui obligeait tous les juifs à quitter le royaume des Espagnes, ce qui eut pour conséquence d'encombrer tous les ports de familles juives à la recherche d'un navire pour le pays où ils désiraient s'exiler.
Restait à trouver les marins nécessaires au maniement des voiliers. Ce fut chose quasiment impossible, car personne ne voulut risquer sa vie dans une entreprise vouée à l'échec par tous les spécialistes. Il fallut donc recruter 87 forçats et un juif, Juan de Torrez qui parlait sept langues et qui devait servir d'interprète avec le roi des Indes pour engager de bonnes relations.
Le 3 Août les trois bateaux prirent le large à Palos pour leur long voyage. Ce n'est que le 12 Octobre 1492 qu'il toucha terre sur une île des Bahamas, nommée Guanahani par les indigènes. Après avoir découvert les Grandes Antilles, Cuba et Haïti. C'est sur cette dernière île (Hispanola) que la Santa Maria s'échoua un soir de Noël.
Comme l'écrit l'amiral Colomb dans son journal de bord la population indigène était douce, hospitalière et accueillante, Colomb décida d'y faire construire un fortin avec le bois récupéré sur le navire échoué, afin d'y abriter les marins qu'il ne pouvait plus transporter sur ses deux bateaux restants, sur la route d'Espagne.
Le 16 Janvier 1493, Colomb reprit la mer pour arriver le 3 mars 1493 au Portugal . Il y reçut un accueil triomphal malgré qu'il n'avait ramené que quelques anneaux d'or, quarante perroquets, quelques pièces de coton et six indiens à demi nus, païens à l'air sauvage et surtout très méfiants.
Il fut confirmé dans ses fonctions de vice-roi (des colonies) et il repartit pour un deuxième voyage au Nouveau Monde à la tête de dix sept caravelles, 500 marins, 700 passagers et les 6 indigènes tous baptisés et convenablement habillés. Le 2 Octobre, il découvrait la grande île des Canaries, puis la Dominique et la Guadeloupe.
Hélas le 22 Novembre 1493 à son retour sur Hispanola ( Haïti ) il eut la désagréable surprise de voir que tous ses marins laissés dans le fortin qu'ils avaient construits ensemble étaient morts assassinés et atrocement mutilés par les indigènes.
On chercha des excuses entre guerres tribales, mais en réalité ce fut le comportement des anciens forçats qui furent la cause des représailles des indigènes, parce que les ex-compagnons de Colomb avaient abusé de la situation, humilié et massacré les antillais pour leur voler leur pépites et leurs bijoux en or...
A la tête de douze caravelles le commandant de Torrès ramena outre l'équivalent de 30.000 pièces d'or en pépites et plus de trois cent indiens enfermés dans les cales des navires pour les vendre comme esclaves en Europe, mais faute de soins et de nourriture la majorité d'entre eux mourut sur le chemin du retour.
En mai 1494, la Jamaïque et la côte sud ouest de Cuba furent découvertes. Christophe Colomb baptisa cette dernière: les jardins de la reine C'est alors que commença le grand génocide des habitants de tout un continent qui allait se prolonger durant des siècles...
Déjà on traquait les indiens dans l'intention de s'en servir comme esclave dans les mines ou à la revente sur les marchés européens. Colomb soutenait ces méthodes tandis que déjà des voix s'élevaient contre ces meurtres et mauvais traitements qui touchaient également les femmes et les enfant des indigènes. Car à défaut d'avoir trouvé assez d'or, Colomb avait vanté à la reine les avantages que pouvaient rapporter le trafic des esclaves !
Isabelle ne l'entendait pas ainsi, dans son esprit la souveraine désirait que tous ces indiens soient évangélisés et baptisés. Un envoi ultérieur de cinq cent femmes des Caraïbes complètement nues, l'avaient fortement choquée. La reine demanda une enquête et donna à Juan Aguado les pleins pouvoirs pour ramener à l'ordre Colomb, vice-roi des nouvelles terres.
Le 11 juin 1496 les mains vides le vice-roi accostait dans le port de Cadix. En l'absence d'or, Colomb avait revêtu en signe d'humilité la bure des franciscains. La population qui attendait des cargaisons d'or, fut déçue et manifesta son mécontentement.
C'est dans cette tenue qu'il se présenta devant sa reine, Colomb lui fit de longs discours dont les images tenaient plutôt du fantastique que de la réalité. On ne saura jamais ce qu'Isabelle comprit toutefois Colomb arriva à obtenir de la souveraine l'autorisation d'un nouveau départ sur ses propres deniers. Cette fois Colomb passa beaucoup de temps à réunir les fonds et ce n'est que le 30 mai 1498 qu'il repartait de San Lucar avec seulement six caravelles.
Trois des bâtiments chargés de vivres mouillèrent à Hispanola, tandis qu'à la tête des trois autres poursuivit ses explorations. Colomb découvrit d'abord une île qu'il nomma Trinidad et le 15 Août il accosta sur la côte des Perles.
Le 31 Août 1498, il jeta l'ancre pour quatorze mois à St Domingue s'occupant à réprimer les rebellions de Roldan son juge Alcade qu'il avait nommé lors de son dernier voyage. A ces insurrections se mêlèrent quelques affaires de coeurs et de jalousie que Colomb réprima avec dureté. Les plaintes avaient afflué chez la reine qui maintenant avait donné tous pouvoirs au juris-consul : Francesco de Bobadilla qui débarqua à l'improviste à Hispanola avec une armada de Caravelles.
A peine descendu du navire Amiral, Don Bobadilla fut outré de voir des centaines de pendus se balancer aux arbres exotiques. Le nouveau gouverneur fit saisir l'amiral Colomb et le jeta à fond de cale avec ses deux frères, tous furent chargés de fers. C'est donc prisonniers des fers qu'il se rendit de Cadix à Séville pour attendre dans un couvent de Cisterciens la décision de la reine. Isabelle attendit six semaines avant de lui les faire ôter.
L'amiral Christophe Colomb, son fils aîné Diego et Bartholomeo son autre fils comparurent tous trois le 17 octobre 1500 à l'Alhambra de Grenade devant leurs majestés en suppliant leur indulgence.
Ce n'est que le 14 mars 1502 que par décret royal l'amiral fut réhabilité et confirmé dans ses charges. Comme on lui interdisait de les exercer, les rois nommèrent Ovando comme nouveau gouverneur adjoint:
En l'espace de trois années Colomb était devenu malade, il avait la fièvre et voyait la nuit le Christ lui apparaître en lui promettant qu'il trouverait bientôt l'or nécessaire à de nouvelles croisades. Il affirmait que la fin du monde viendrait bientôt et qu'il voulait se rendre au pôle Nord peuplé d'un grand nombre de chrétiens ?
Etait ce la malaria ou un début de folie ? Les deux peut-être !
Toujours aussi perspicace Colomb obtint de la reine l'argent pour poursuivre ses découvertes.
Il partit de Séville le 3 Avril 1502 à la tête de quatre caravelles, mais avec l'interdiction d'aborder à Hispanola, il fut obligé d'accepter à son bord un contrôleur royal : Francesco Porras.Le 3 Juillet 1502 une terrible tempête s'abattit sur les trente navires de Bobadilla, qui rentraient en Espagne chargés de lingots d'or volés, représentant la somme énorme de deux cent mille ducas en or. Excepté une seule caravelle, les vingt neuf autres navires sombrèrent avec leurs équipage totalisant 500 hommes et tout l'or détourné aux indiens.
Les dieux de l'Amérique dont ont avait fondu les statues, n'avaient pas apprécié les méthodes espagnoles et le trésor perdu est encore aujourd'hui toujours englouti quelque part au fond de l'Océan... Colomb qui avait essuyé la même tempête avait perdu un navire et les deux autres avaient les voiles arrachées et déchirées. C'est avec des voiles rapiécées qu'il découvrit le Costa Rica et Panama.
Le 25 Juin 1503 ses deux derniers navires s'échouèrent sur la côte de la Jamaïque. Colomb dut faire face à de nombreuses émeutes tant de ses hommes que celle du contrôleur royal et celle de son propre frère qui après avoir essayé de le tuer partit à l'aventure avec la moitié des hommes.
Peu de temps après en 1506 mourait dans une relative modestie à Valladolid ( au Nord de Médina del Campo ) l'explorateur : Don Christophe Colombo, âgé de 54 ans, qui avait rêvé de couvrir d'or Isabelle, la seule reine qui l'avait réellement écouté et inconditionnellement protégé.