POEMES SUR L'AMOUR
13. L'amour caché (Félix Arvers 1806-1850)
Mon âme a son secret, ma vie a son
mystère Un amour éternel en un moment conçu : Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire, Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su. |
Hélas! j'aurai passé près
d'elle inaperçu, Toujours à ses côtés et pourtant solitaire ; Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, N'osant rien demander et n'ayant rien reçu. |
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et
tendre, Elle suit son chemin, distraite et sans entendre Ce murmure d'amour élevé sur ses pas. |
A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle : " Quelle est donc cette femme ? " Et ne comprendra pas ! |
(Mes heures perdues)
14. Une allée du Luxembourg (Gerard de Nerval, Labrunie 1808-1858)
Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau : A la main une fleur qui brille A la bouche un refrain nouveau |
C'est peut-être la seule au monde
Dont le coeur au mien répondrait Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait ? |
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(Odelettes)
15. Mon rêve familier (Paul Verlaine 1844 - 1896)
Je fais souvent ce rêve étrange
et pénétrant D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, Ni tout à fait une autre, qui m'aime et me comprend. |
Car elle me comprend et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seul, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. |
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je
l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. |
Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, si calme et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. |
(Poèmes saturniens)
16. A la Saint Valentin (Paul Verlaine)
1. J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser ! |
2. C'est Saint Valentin ! Je dois et je n'ose Lui dire au matin ... La terrible chose Que Saint Valentin |
3. Elle m'est promise, Fort heureusement ! Mais quelle entreprise Que d'être amant Près d'une promise ! |
4. J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser ! |
(Romances sans paroles)
17. L'ordinateur et la Saint Valentin
Je n'ai ni tête, ni jambes Et pourtant mon cerveau Electrique se vante De ne point être sot ! |
Ma mémoire si petite Se compare à des puces Qui dans mon cur s'irritent Quand s'y cache un virus... |
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Bien-aimé Valentin Qui n'ose pas dire je t'aime : Force donc ton destin Pour qu'elle le sache quand même |
Au lieu de pleurnicher Glisse-moi tes quelques mots Dans ma mémoire cachée Ils seront en dépôt |
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Au jour de fête choisi, Ton message parviendra, Et même si elle rougit Une bise elle te donnera. |
Attendant le Printemps Moi je m'éclipserai, Laissant mes jeunes amants Echanger leurs secrets... |
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(Jean-Claude Brinette)
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L'ordinateur et la Saint Valentin
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18. Ballade du dernier amour - (Charles Cros)
1. Amours heureux ou malheureux, Lourds regrets, satiété pire, Yeux noirs veloutés, clairs yeux bleus, Aux regards qu'on ne peut pas dire, Cheveux noyant le démêloir Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre, J'ai voulu tout voir, tout avoir Je me suis trop hâté de vivre. |
2. Je suis las. Plus d'amour. Je veux Vivre seul, pour moi seul d'écrire Jusqu'à l'odeur de tes cheveux, Jusqu'à l'éclair de ton sourire, Dire ton royal nonchaloir, T'évoquer entière en un livre Pur et vrai comme ton miroir, Je me suis trop hâté de vivre. |
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(Le coffret de Santal)
Deux tourtereaux amoureux...
19. Soif d'un baiser (Germain Nouveau 1851-1920)
Comme une ville qui s'allume Et que le vent vient embraser, Tout mon coeur brûle et se consume, J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser. |
Baiser de la bouche et des lèvres Où notre amour vient se poser, Pleins de délices et de fièvres, Ah ! j'ai soif d'un baiser ! |
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Baiser multiplié que l'homme Ne pourra jamais épuiser, O toi, que tout mon être nomme, J'ai soif, oui d'un baiser. |
Fruit doux où la lèvre s'amuse,
Beau fruit qui rit de s'écraser, Qu'il se donne ou qu'il se refuse, Je veux vivre pour ce baiser. |
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(Valentines)
20. J'ai rêvé de toi
Ton image est restée gravée dans
ma mémoire J'ai voulu t'échapper, te sortir de ma vie Mais partout où je vais je ne pense qu'à toi Et pourtant tu ignores combien je suis épris |
Ta démarche si légère hypnotise
mon regard. Tes longs cheveux qui flottent soulevés par le vent Et dansent sur tes épaules accentuant le charme D'une auréole dorée venue d'un autre temps |
J'aime ton sourire qui éclaire ton visage
Et le son de ta voix qui fait vibrer mon cur, Comme le chant d'une sirène. Il faut que je reste sage De peur que je succombe devant tant de splendeurs |
Ton regard si profond a pénétré
mon âme Tes yeux pleins de lumière ont changé toute ma vie J'aime ton beau décolleté qui rempli mes fantasmes Tes dents blanches éclatantes qui illuminent mes nuits |
Un jour tu es venue dans mon jardin
secret Sous une pluie de roses, par des chemins fleuris, Tu m'as donné ta main et un baiser discret Mais je m'suis réveillé et tu étais partie |
Peut-être bien qu'un jour tu liras ce
poème, Il n'est jamais trop tard pour dire ses sentiments Je voulais tout simplement te dire : je t'aime Comme te l'aurait dit un jour le beau Prince Charmant. |
Rêveries - Jean Cl. Brinette
Ce poème a obtenu en Russie,
le 1er prix du |
21. Souvenirs d'automne (Paul-Jean Toulet 1867-1920)
Le temps irrévocable a fui, l'heure
s'achève. Mais toi, quand tu reviens et traverses mon rêve, Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève, Tes yeux plus clairs. |
A travers le passé ma mémoire
t'embrasse. Te voici. Tu descends en courant la terrasse Odorante, et tes faibles pas s'embarrassent Parmi les fleurs. |
Par un après-midi de l'automne, au mirage
De ce tremble inconstant que varient les nuages, Ah ! verrais-je encor(e) se farder ton visage D'ombre et de soleil ? |
(Contrerimes)
22. L'art d'aimer
AIMER c'est
: |
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Etre disponible, chaque fois que c'est possible. |
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Dire la vérité, lorsqu'on sait qu'on la doit. |
Aimer : |
c'est un bouton de rose Fragile et parfumé, Que de toucher on n'ose, De peur de l'abîmer. |
Une chevelure d'ange Dans une robe de velours Fragile et sans défense Qui a grandi un jour |
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Aimer : |
c'est un parfum de femme, Une créature de rêve , Un regard qui enflamme, Une voix qui vous pénètre ! |
Un besoin de caresses, Un monde de douceur, Une soif de tendresse Que partage l'âme soeur, |
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Avant que la vieillesse Ne soit au rendez-vous Montrez votre tendresse A chaque instant du jour |
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Aimer : |
c'est chanter et danser Respirer et sentir, Enlacer et bercer Oublier de maudire |
Voir un coucher de soleil Entendre le bruit des flots Voir planer dans le ciel Les oiseaux tout là-haut |
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Grimper sur la montagne Et se rouler dans l'herbe Sentir dans nos campagnes L'odeur fraîche de la terre |
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Aimer : |
C'est protéger la vie Vivre l'un pour l'autre Partager : joies, soucis Se battre côte à côte |
(Jean-Claude Brinette)
Nouveau :
la version animée PPS de Jacqueline Zauli :
Animation : L'art
d'aimer
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